Interdire les déplacements, et puis quoi encore ?
Suite au tragique décès d’un supporter nantais samedi dernier aux abords de la Beaujoire, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a rapidement réagi en proposant une mesure radicale : l’interdiction totale des déplacements de supporters adverses. Cette réponse rapide, loin de résoudre les problèmes sous-jacents, témoigne d’une fuite en avant des autorités, qui préfèrent stigmatiser les supporters plutôt que de comprendre les véritables enjeux.
La tragédie survenue à Nantes est indéniablement choquante, mais interdire systématiquement les déplacements de supporters ne constitue pas une solution viable. Cela dénote une déresponsabilisation de l’État qui, au lieu de remettre en question ses propres dispositifs défaillants, blâme les supporters de manière collective. La ministre des Sports s’est rapidement focalisée sur les supporters comme responsables, négligeant le non-respect de l’arrêté préfectoral à l’origine des événements tragiques.
L’incident à Nantes met en lumière l’inefficacité des arrêtés préfectoraux qui, plutôt que de favoriser le dialogue, attisent les tensions entre supporters et autorités. Comparativement à d’autres pays comme l’Allemagne, où le dialogue entre les différentes parties prévaut, la France semble opter pour des mesures punitives généralisées au lieu de solutions individualisées. Il est nécessaire de tirer des leçons des erreurs passées, notamment depuis la finale de la Ligue des champions au Stade de France, et de réfléchir à une approche plus constructive.
L’idée d’interdire les déplacements de supporters risque d’aggraver les relations entre forces de l’ordre et supporters. En outre, elle pourrait pousser certains supporters à voyager en dehors de tout cadre réglementé, augmentant ainsi les risques de troubles. Plutôt que d’opter pour une solution simpliste et liberticide, l’État serait mieux inspiré de rétablir un dialogue inclusif entre tous les acteurs impliqués : clubs, préfectures, référents supporters, groupes de supporters, ANS, etc. Cette approche permettrait de définir des cadres adaptés à chaque déplacement, tout en conservant la possibilité d’interdictions spécifiques lorsque cela s’avère vraiment nécessaire.
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