Manuel de survie à la tête d’une fédération sportive avec Yohan Penel
Le président de la Fédération Française de Badminton Yohan Penel dresse un bilan sans concession de son expérience et livre sa vision de l’avenir du sport.
Yohan Penel achève son expérience à la présidence de la Fédération Française de Badminton , avec un goût amer. Ce mandat, marqué par une volonté de réforme profonde de l’institution, s’est soldé par un échec. Mais loin de se décourager, il reste convaincu que le monde associatif sportif a besoin d’une profonde remise en question.
« Le sport peut-il impacter positivement les trajectoires de vie ? » C’est cette question qui a guidé Yohan Penel et son équipe lorsqu’ils ont pris la tête de la FFBaD en 2020. Ils rêvaient d’une fédération plus ouverte, plus inclusive, qui s’impliquerait davantage dans les questions de société.
Un projet ambitieux, mais qui s’est heurté à de nombreuses résistances. « Je ne comprends pas qu’un rapport d’enquête parlementaire puisse être rédigé par une seule personne. C’est dommage car ce règlement de compte nuit au fond », déplore Yohan Penel, faisant référence au rapport accablant sur les fédérations sportives publié par l’Assemblée nationale en 2022.
« Il n’y a rien à dire sur le fond, c’est factuel, documenté et nous en avions besoin puisque certains acteurs refusent encore de se remettre en question. En revanche, la forme me choque beaucoup. »
Malgré les obstacles, Yohan Penel reste persuadé que le sport a un rôle essentiel à jouer dans la société. « Les fédérations doivent incarner un imaginaire collectif autour de l’épanouissement et de l’intérêt général. Qu’elles deviennent le lieu du « nous » plutôt que le lieu du « je » », martèle-t-il.
Pour Yohan Penel, il est urgent de sortir du modèle dépassé des fédérations centrées sur la performance et la compétition. « La raison d’être du sport en France est gravée dans le marbre : nous sommes là pour divertir. Mais ne peut-on pas être plus que ça ? », interroge-t-il.
Il plaide pour un sport plus inclusif, plus accessible, qui s’adresse à tous, quel que soit son niveau ou son origine sociale. « Le sport doit être plus que du divertissement. Il doit être un outil d’émancipation, d’intégration et de cohésion sociale », affirme-t-il.
Yohan Penel sait que le chemin sera long et difficile. « Je sais que l’avenir du monde associatif sportif est celui qu’on a commencé à dessiner », assure-t-il. « Mais sur la forme on ne peut avoir que des regrets, car pour arriver à un tel degré de tensions c’est qu’on a tous loupé quelque chose dans ce mandat. »
Mais il est déterminé à poursuivre son combat pour un sport plus juste et plus solidaire. « J’en veux beaucoup aux médias sportifs car ils entretiennent ce système fédéral coincé en 1960″, dénonce-t-il. « Je voudrais qu’on utilise le momentum des JOP pour visibiliser à côté du haut niveau le bénévolat et montrer que le passage dans une association sportive peut changer un parcours de vie. »
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